Conte de Noël : la naissance de Pierre JAOUEN

Il était une fois, à Saint-Pabu, le 27 décembre 1768…

 

Noël a eu lieu 2 jours plus tôt : à la ferme de Kerglidy, une naissance s’annonce : Marie CROGUENNOC, 30 ans, va sans tarder mettre au monde son 4ème enfant.

 

 

 

Croquis de la ferme de Kerglidy, datant de 1846
Croquis de la ferme de Kerglidy, datant de 1846

Les accouchements sont une affaire de femmes. Parentes, voisines, sont au chevet de la future mère.

Les parrain et marraine sont choisis, et détermineront le prénom de l’enfant : Pierre si c’est un garçon, Françoise si c’est une fille.

L’accouchement est difficile, le nouveau-né faible, à tel point que la grand-mère Liesse JACOB juge nécessaire de baptiser l’enfant en urgence, par précaution. Ce baptême est un ondoiement : il consiste à asperger l’enfant d’eau en récitant les paroles sacramentelles, pour lui éviter les limbes en cas de décès avant le baptême par le vicaire à l’église. Cet ondoiement est réalisé soit par la sage-femme (ici probablement Liesse JACOB) ou un prêtre venu jusqu’à la maison où a lieu la naissance.

On s’empresse alors d’aller avertir le vicaire de Saint-Pabu, qui vit à Pen an Prat*, qu’il doit aller à l’église en urgence pour baptiser un enfant qui va peut-être mourir. La mortalité infantile est effarante à l’époque et les parents se consolent en se disant que leur enfant parti trop tôt veille sur eux du Ciel.

De son côté, le cortège du baptême, constitué du père du nouveau né François JAOUEN, 29 ans, sa propre mère Liesse JACOB, 52 ans, Pierre JAOUEN, 23 ans, oncle paternel et parrain, tous de Kerglidy, et Françoise JAOUEN, 36 ans, tante par alliance côté maternel, de Kercleuziou**, se hâte, avec le nouveau-né emmitouflé dans un châle, vers l’église toute neuve, située à 1,5 km à travers champs de Kerglidy.

Après un automne remarquablement pluvieux qui a retardé un temps le semis des moissons, les sols se sont asséchés, et les chemins boueux sont désormais plus praticables.

Au bourg de Saint-Pabu, même si les enduits à la chaux des murs ne sont pas encore réalisés, l’église est achevée depuis peu : la toute première messe de Noël vient de s’y dérouler et les fidèles, qui ont été fort sollicités tant en levée d’impôts pour payer les matériaux et les ouvriers, qu’en bras pour acheminer ces matériaux, voient ces gros efforts récompensés par une église construite pour durer, qui ne menace plus de s’écrouler.

 

François JAOUEN, vicaire de Saint-Pabu, y baptise l’enfant « sous condition » : ce terme trahit la mauvaise santé du nouveau-né qui lui est présenté : le petit Pierre ne montre probablement pas de grands signes de vie.

 

Acte de baptême de Pierre Jaouen
Acte de baptême de Pierre Jaouen

Quoiqu’il en soit, il y eut un miracle dans cette petite église le 27 décembre 1768 puisque le nouveau-né Pierre JAOUEN vécut jusqu’à l'âge vénérable de 84 ans. Sa mère Marie CROGUENNOC se remit elle aussi, puisque par la suite, Pierre eut 6 autres frères et soeurs.

 

L’histoire de la vie bien remplie de Pierre JAOUEN, étroitement liée à l’histoire de Saint-Pabu, fera l’objet d’un autre article.

* Penn ar Prat aujourd’hui

** Kergleuchou aujourd’hui

 

Recherches : Armelle Jaouen : Pierre JAOUEN est mon ancêtre côté maternel (mon sosa 100 pour les généalogistes).

 

 

 

Sources :

AD29 : registres de baptêmes mariages et sépultures de Saint-Pabu

Photo d'illustration : croquis de la ferme de Kerglidy en 1846