Jean CABON, premier maire de Ploudalmézeau

L'église de Ploudalmézeau, reconstruite quelques décennies après le passage de Jean CABON, marguillier à la fabrique
L'église de Ploudalmézeau, reconstruite quelques décennies après le passage de Jean CABON, marguillier à la fabrique

 

De Plouguerneau à Ploudalmézeau, en passant par Saint-Pabu : la vie de Jean CABON, le premier maire oublié de Ploudalmézeau.

L'Histoire a retenu François BARBIER, notaire et maire de Ploudalmézeau, destitué et guillotiné en 1793.

Il ne fut pourtant pas le premier maire de cette localité : avant lui, Jean CABON, un cultivateur originaire de Plouguerneau, y fut élu en février 1790.

 

A défaut de portrait, voici l'histoire de sa vie, à travers les principales dates et les événements qui ont marqué son existence. Le travail de généalogie commence presque toujours par la collecte de dates : ensuite vient "l'habillage", à l'aide de toutes ces petites traces glanées au fil de recherches et trouvailles qui ne finiront jamais.

 

Jean CABON vient au monde le 30 avril 1743 au Reun à Plouguerneau. Il est le deuxième enfant d'Étienne et de Catherine Marie LE PORS, probablement cultivateurs au Reun, secteur de l'Armorique (Lilia aujourd'hui). Son parrain est Jean CABON, oncle paternel, et sa marraine Marguerite LE PORS, tante maternelle. Tous les témoins signent l'acte avec le recteur.

Sept autres enfants naîtront après Jean.

 

Acte de baptême de Jean CABON le 30 avril 1743
Acte de baptême de Jean CABON le 30 avril 1743

 

La famille doit avoir une certaine aisance puisque les enfants reçoivent une instruction : le fils aîné François CABON sera notaire royal au Bourg de Plouguerneau.

 

Jean CABON a 26 ans quand il épouse le 6 juin 1769 à Saint-Pabu une jeune fille de 17 ans, Marguerite CADOUR. Fille d'Yves et Jeanne LÉOSTIC, ménagers à Kerlagadoc, elle est l'aînée de quatre enfants.

La mère de Jean, Catherine LE PORS, décède au Reun à Plouguerneau deux mois après le mariage de son fils.

Les quatre premiers enfants du jeune couple CABON-CADOUR naissent ainsi à Kerlagadoc à Saint-Pabu, en 1770, 1773, 1775 et 1777.

 

Les deux croix de Kerlagadoc situées à l'angle Sud du hameau
Les deux croix de Kerlagadoc, situées à l'angle Sud du hameau

 

En 1779, on retrouve le couple installé à Pen ar Valy à Ploudalmézeau : leur cinquième enfant y naît en janvier de cette année. Sept autres enfants suivront, jusqu'en 1793.

Cependant, les épreuves ne leurs sont pas épargnées : sur ces douze enfants, huit meurent en bas âge. Seuls Yves, Joseph, Marie Jeanne et Jean atteindront l'âge adulte.

Entre temps, en 1784, les trois frères et sœurs de Marguerite CADOUR meurent à Kerlagadoc en l'espace de quelques jours, sans descendants.

Leur père Yves CADOUR, veuf, quitte par la suite Saint-Pabu pour rejoindre la famille de sa fille à Ploudalmézeau, où il décèdera en 1794.

 

Début 1789, Louis XVI convoque les États généraux. Jean CABON et Marguerite CADOUR, respectivement 46 et 37 ans, 2 fils de 16 et 9 ans, un bébé de quelques mois, sont cultivateurs à Pen ar Valy à Ploudalmézeau.

 

Le 5 avril de cette même année, les cahiers de doléances sont ainsi rédigés à Ploudalmézeau, suivis par l'élection de trois députés.

Surprise ! Non seulement, parmi les signataires du cahier de doléances, on retrouve un nommé Jean CABON, mais on le retrouve et découvre un peu plus lors de l'élection des députés.

La signature de Jean Cabon sur le cahier de doléances de Ploudalmézeau
La signature de Jean Cabon sur le cahier de doléances de Ploudalmézeau

 

Ils sont ainsi trois hommes à être choisis et élus députés par leurs pairs :

  • César Marie LE HIR, avocat au Parlement de Bretagne
  • François KEROUANTON, négociant les deux demeurant séparément au paroissial du dit Ploudalmézeau
  • Jean CABON, premier marguillier en charge de la ditte paroisse y demeurant au lieu de Penarvaly.

Jean CABON est donc le premier marguillier de la paroisse, en quelque sorte le comptable principal de la fabrique (biens de l'église) de Ploudalmézeau.

Il jouit donc d'une certaine notabilité et surtout d'une certaine aisance financière, puisque les marguilliers garantissent les dépenses éventuelles de la fabrique en y engageant la valeur de leurs biens personnels.

 

Extrait de l'élection des députés de Ploudalmézeau : César Marie LE HIR, François KEROUANTON et Jean CABON
Extrait de l'élection des députés de Ploudalmézeau : César Marie LE HIR, François KEROUANTON et Jean CABON

 

En consultant les cahiers de l'Abbé ARZEL, recteur de Ploudalmézeau au XIXè siècle, on retrouve trace d'un nommé CABON à Penarvaly.

Puis, lors de l'assemblée générale de la paroisse en date du 8 février 1790, on peut lire que Cabon de Penarvaly est élu Maire.

Aucun doute possible : il n'a aucun contemporain du même nom, vivant au même lieu-dit à cette époque.

C'est ce Jean CABON qui est le tout premier maire de Ploudalmézeau : il le restera presque deux ans, jusqu'au 27 novembre 1791 : François BARBIER est élu à cette date et lui succède.

 

Extrait du cahier de l'Abbé Arzel, page 134
Extrait du cahier de l'Abbé Arzel, page 134

 

Jean CABON retombe alors dans l'oubli et se consacre à sa vie de cultivateur à Pen ar Valy.

Il marie son fils aîné Yves avec Marie PRIGENT de Lestréhoné en 1793 : les six enfants du couple verront tous le jour à Pen ar Valy.

En 1806, son deuxième fils Joseph se marie à Plourin avec Marie Anne PONDAVEN : ils seront cultivateurs au Gouezou à Plourin.

 

Veuf en 1801, Jean CABON quitte à son tour ce monde à 78 ans, le 6 décembre 1811 à Pen ar Valy à Ploudalmézeau. Il laisse alors deux fils mariés, une fille de 21 ans et un fils de 18 ans, et huit petits-enfants.

 

Les enfants de Jean CABON quitteront définitivement Pen ar Valy entre 1813 et 1822 : Yves s'établira à Kerazal à Lampaul-Ploudalmézeau, Joseph et Jean au Gouezou à Plourin et leur sœur Marie Jeanne au Bourg de Ploudalmézeau ; son mari Yves Marie BRIANT, marchand, sera par la suite adjoint au maire de Ploudalmézeau.

 

Deux décennies après la disparition de Jean CABON, l'un de ses neveux, René Marie CABON, lui aussi natif de Plouguerneau, deviendra à son tour maire de Landéda.

 

Jean CABON est l'un de mes lointains aïeux, à la septième génération : pour simplifier, il est le grand-père de Marguerite CABON épouse PROVOST, grand-mère de mon arrière grand-mère paternelle.

Il est aussi l'ancêtre de plusieurs familles réparties sur Ploudalmézeau, Lampaul-Ploudalmézeau, Saint-Pabu, Plourin, mais ceci est une autre histoire...

Armelle Jaouen

 

Sources des informations :

État civil de Plouguerneau, Saint-Pabu, Ploudalmézeau.

Archives départementales du Finistère : cahiers de doléances, élection des députés de Ploudalmézeau cote 10B 4/42

Extrait des cahiers de l'Abbé Jean Marie Paul ARZEL : Centre Généalogique du Finistère

 

Crédits illustrations :

L'église reconstruite en  1857 : collection personnelle Armelle Jaouen

Acte de baptême : AD 29

Signature de Jean Cabon extraite du cahier de doléances de Ploudalmézeau : AD 29

Extrait de l'élection des députés de Ploudalmézeau : AD 29

Extrait des cahiers de l'Abbé Arzel : CGF

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